Remettre à niveau des connaissances de chacun pour mieux prévenir l'usage des substances psychoactives, tel est l'objectif de la campagne "Drogues : savoir plus, risquer moins" lancée par la la Mission Interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) et l'Institut National de Prévention et d'Education pour la santé (INPES). Afin de relayer cette initiative novatrice, nous vous proposons de découvrir en ligne la version actualisée de ce "best-seller". Vous y découvrirez des informations sur les produits et leurs effets, mais aussi sur les facteurs de risque et les facteurs de protection Usage, usage nocif et dépendance
Les effets, les risques et les dangers des drogues ou substances psychoactives varient suivant les produits et l'usage qu'on en fait. Découvrez ce qui caractérisent les comportements à risque
Les distinctions de comportement
Les effets, les risques et les dangers des drogues ou substances psychoactives varient suivant les produits et l'usage qu'on en fait. Les raisons de consommer diffèrent selon chaque personne, elles sont liées à son histoire, à son état de santé, à son environnement familial et social.
La consommation de ces produits procure un plaisir ou un soulagement immédiat, contrôlé ou non. On peut :
boire un verre d'alcool pour se détendre, pour le plaisir de goûter un bon vin, pour se sentir mieux ou surmonter un moment douloureux
fumer du tabac pour faire comme les autres, pour le plaisir de partager un moment avec d'autres ou parce qu'on ne peut plus s'arrêter
consommer de l'ecstasy dans le désir d'accéder à des sensations extrêmes
consommer abusivement une substance pour atténuer une sensation de malaise, rechercher l'oubli d'une souffrance ou d'une réalité vécue comme insupportable...
Que le produit soit licite ou illicite, la communauté scientifique distingue trois types de comportements de consommation : l'usage, l'usage nocif (ou usage à problème) et la dépendance, dont les risques et les dangers sont différents.
Chaque consommation ne présente pas les mêmes dangers : elle dépend aussi de la vulnérabilité du consommateur, du produit, de la quantité consommée, de la fréquence et du contexte de la consommation.
Qu'est-ce qu'une substance psychoactive ?
Alcool, tabac, cannabis, héroïne, cocaïne... sont tous des substances psychoactives qui agissent sur le cerveau :
elles modifient l'activité mentale,
les sensations, le comportement. Leur usage expose à des risques et à des dangers pour la santé, et peut entraîner des conséquences sociales dans la vie quotidienne ; leur usage peut en outre engendrer une dépendance;
elles provoquent des effets somatiques (sur le corps) d'une grande diversité selon les propriétés de chacune, leurs effets et leur nocivité.
Toutes ces substances disposent d'un cadre légal
Le cannabis, la cocaïne, l'ecstasy, l'héroïne sont des substances illicites : le code pénal en interdit et en réprime la production, la détention et la vente, conformément aux conventions internationales ; leur usage est également interdit et sanctionné.
Les médicaments psychoactifs (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs) sont des produits licites : ils sont prescrits par un médecin pour traiter des états d'anxiété, de troubles du sommeil, de dépression ; leur production et leur usage sont strictement contrôlés. Cependant, leur détournement et l'automédication sont fréquents.
L'alcool, le tabac sont des produits licites ; ils sont consommés librement ; leur vente est autorisée et contrôlée et leur usage réglementé.
Qu'est-ce que l'usage ?
L'usage est une consommation de substances psychoactives qui n'entraîne ni complications pour la santé, ni troubles du comportement ayant des conséquences nocives sur les autres.
C'est souvent le cas chez les adolescents ou jeunes adultes qui expérimentent par curiosité, pour s'amuser ou pour imiter les autres par effet d'entraînement. La plupart du temps, ils semblent s'en tenir là, sans risque d'une éventuelle "escalade". Il s'agit aussi des consommations occasionnelles et modérées qui concernent, par exemple, un nombre important d'usagers d'alcool.
Une étude montre que, sur les 19 361 individus usagers de cannabis interpellés en France en 1990, les trois quarts ne se sont plus jamais fait connaître des services de police jusqu'en 1997. De plus, le nombre d'individus interpellés pour usage d'héroïne après une arrestation pour usage de cannabis ne représente qu'environ 7 % des usagers. Donc, l'usage n'entraîne pas d'escalade dans la grande majorité des cas.
Qu'est-ce que l'usage nocif ?
L'usage nocif ou usage à problème est une consommation susceptible de provoquer des dommages physiques, affectifs, psychologiques ou sociaux pour le consommateur et pour son environnement proche ou lointain.
Cet usage n'est pas uniquement lié à la quantité consommée en une seule fois (l'abus), ni à la répétition d'une consommation modérée et contrôlée de certaines substances. Les risques tiennent à la dangerosité spécifique du produit, aux dommages pour la santé et aux conséquences sociales de la consommation.
Les risques pour la santé (risques sanitaires) :l'usage est nocif lorsqu'il entraîne une détérioration de l'état physique, la complication de certaines maladies, voire des décès prématurés.
Les risques pour la vie quotidienne (risques sociaux) : l'usage est nocif dans les situations où la consommation et ses effets peuvent occasionner un danger, entraîner des dommages pour soi et pour les autres.
Signes extérieurs de l'usage nocif ou usage à problème
On parle d'usage nocif ou d'usage à problème lorsque l'on peut constater :
l'utilisation d'une substance dans des situations où cela peut devenir dangereux : perte de vigilance (conduite automobile, d'une mobylette, d'une machine)
des infractions répétées, liées à l'usage d'une substance (violences commises sous l'effet d'un produit, accidents divers sous l'effet du produit...)
l'aggravation de problèmes personnels ou sociaux causés ou amplifiés par les effets de la substance sur les comportements (dégradation des relations familiales, difficultés financières...)
des difficultés et/ou l'incapacité à remplir ses obligations dans la vie professionnelle, à l'école, à la maison (absences répétées, mauvaises performances au travail, mauvais résultats, absentéisme scolaire, exclusion, abandon des responsabilités...)
l'incapacité à se passer du produit pendant plusieurs jours
la mise en péril de la santé et de l'équilibre d'autrui (risques que fait encourir une femme enceinte à la santé de son bébé).
La dépendance, ça commence quand ?
Brutale ou progressive selon les produits, la dépendance est installée quand on ne peut plus se passer de consommer, sous peine de souffrances physiques et/ou psychiques.
La vie quotidienne tourne largement ou exclusivement autour de la recherche et de la prise du produit : on est pharmacodépendant.
Il existe deux dépendances
Associées ou non, elles se caractérisent par des symptômes généraux :
l'impossibilité de résister au besoin de consommer
l'accroissement d'une tension interne, d'une anxiété avant la consommation habituelle
le soulagement ressenti lors de la consommation
le sentiment de perte de contrôle de soi pendant la consommation.
La dépendance psychique
La privation d'un produit entraîne une sensation de malaise, d'angoisse, allant parfois jusqu'à la dépression. Une fois qu'elle a cessé de consommer, la personne peut mettre du temps à s'adapter à cette vie sans le produit. Cet arrêt bouleverse ses habitudes, laisse un vide et permet la réapparition d'un mal-être que la consommation visait à supprimer. Cela explique la survenue possible de rechutes ; elles font partie du lent processus qui, à terme, peut permettre d'envisager la vie sans consommation problématique.
La dépendance physique
Certains produits entraînent une dépendance physique : l'organisme réclame le produit à travers des symptômes physiques qui traduisent un état de manque.
La privation de certains produits tels que les opiacés, le tabac, l'alcool et certains médicaments psychoactifs engendre des malaises physiques qui varient selon le produit : douleurs avec les opiacés, tremblements majeurs avec l'alcool, convulsions avec les barbituriques et les benzodiazépines.
Ces symptômes peuvent être accompagnés de troubles du comportement (anxiété, irascibilité, angoisse, agitation...).
Lorsqu'une personne arrête de manière brutale ou progressive la prise d'une substance psychoactive, on parle de sevrage. Pour libérer l'organisme du besoin de la substance sans les effets physiques du manque, les personnes pharmacodépendantes peuvent trouver une aide médicale et psychologique. Il leur est proposé un traitement approprié qui peut prendre la forme d'un sevrage sous contrôle médical ou d'un traitement de substitution. Le suivi et l'accompagnement psychologique apportent une aide précieuse pour surmonter les difficultés du sevrage. Généralement, ce soutien favorise et renforce les résultats attendus.
La polyconsommation : multiplication des produits et des dangers
Parfois, les comportements d'usage se compliquent lorsque la même personne consomme plusieurs produits. La consommation d'un produit entraîne souvent des consommations associées :
alcool et cigarette
cannabis, tabac et alcool
ecstasy et médicaments psychoactifs, etc.
La personne fait un usage régulier de plusieurs produits. Exemple : tabac + alcool + anxiolytiques plusieurs fois par semaine .
La personne associe plusieurs produits à la fois dans un même momet. Exemple : cannabis, alcool et tabac dans une soirée.
Dans ces deux cas, on parle de polyconsommation. Les dangers sont souvent méconnus. Conjugués, les effets des produits peuvent être amplifiés, entraînant des risques plus graves pour la santé.
Autres exemples de polyconsommation
29 % des hommes qui prennent des somnifères ou des tranquillisants ont une consommation d'alcool problématique. Les fumeurs réguliers de tabac ont plus souvent que les autres une consommation excessive d'alcool (selon une enquête de 1996.
3/4 des expérimentateurs de cannabis déclarent fumer du tabac de temps en temps. 55 % d'entre eux fument régulièrement du tabac, sans compter qu'un joint se confectionne en mélangeant cannabis et tabac.